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Les recalés de la confrérie

«Un col est un drôle d'oiseau immobile mais haut perché, c’est armé d’un deux roues que notre curieux prédateur se lance dans cette pacifique chasse au cours de laquelle il sera le seul à y laisser quelques plumes.»

Route

L'hiver est là, assurément la pire des saisons cyclistes en conclusion d'une année qui ne fut pas terrible, du genre liberticide en ces temps de pandémie, le besoin d'évasion se fait donc plus prégnant encore. Je n'ai jamais caché mon appétit pour les petites routes tranquilles, alors j'irai cueillir quelques bouts de goudrons improbables dans des coins négligés à la belle saison, histoire de réparer mes oublis coupables, de mettre en lumière quelques lieux magiques. Mes sorties se limitant à la périphérie alésienne, avec une approche depuis la vallée du Rhône, je me contenterai de quelques "grignotages" sur les pentes des premiers contreforts cévenols, laissant à regrets les gros morceaux du massif pour plus tard.

Courant décembre je jette mon dévolu sur la montagne du Rouvergue à l'Est de St Florent sur Auzonnet, ce massif plutôt respectable sépare la vallée de l'Auzonnet qui se jette dans la Cèze, d'un valat où coule un petit affluent du Gardon d'Alès qu'est l'Avène.
J'opte pour l'ascension du versant Nord, le plus pentu, donc le plus intéressant. A la sortie de St Florent sur Auzonnet, sitôt le pont qui enjambe la rivière franchi, on prend la petite route sur la gauche direction Mercoirol, La Bastide, La Lauze. Le changement est radical, on se retrouve aussitôt plongé sur une petite route d'abord bordée par une châtaigneraie, qui semble nous appartenir tant le trafic y est dense comme une nuit de confinement sur une départementale... Excepté une paire d'hectomètres plats au départ, la montée s'avère plutôt raide entre les pins sylvestres (Pays minier oblige) puis les chênes verts dans la deuxième partie de l'ascension. CroixL'effort aura duré 2.5 km avec une pente moyenne de 7.5% dont des passages à 14%. L'arrivée ressemble à un superbe col, n’y manque que le panneau, car ce lieu respecte en tous points la définition wikipédia*. J'ajoute qu'une superbe croix de fer trône au sommet, confirmant ainsi la singularité de ce lieu et la place qu'il tint, pour les anciens, dans la vallée. Ce petit coin de paradis à quelques kilomètres de l'agglomération d'Alès n'est pourtant pas un point de convergence des chasseurs de cols du secteur. Allez comprendre !
L'autre versant est plus irrégulier et plus long donc moins raide. La route serpente entre hameaux avant de rejoindre au fond d'une combe la D906 à quatre km de l'Affenadou synonyme de fin de l'isolement.

Autre lieu, encore plus somptueux dans le registre des coins mis en quarantaine. Il s'agit d'atteindre le cœur de la vallée Française par une route secrète depuis la vallée du Galeizon, une variante (qui deviendra très contagieuse quand vous aurez été en contact...) aux très belles ascensions qui mènent au COL DE PENDEDIS via le COL DE LA BARAQUE, ou St Martin de Boubaux, ou enfin par le COL D'UGLAS puis le COL DE LAMIRA.
Depuis Cendras, en périphérie de la "capitale des Cévennes", prendre la D172 en direction de St Martin de Boubaux, route qui longe le Galeizon et nous gratifie de superbes points de vue sur la rivière. Au lieu-dit Roubarbel, on délaisse cette voie pour prendre à gauche en direction de Mandajors, juste après avoir traversé le pont en treillis métallique. Le tracé est à peu près plat sur les quatre premiers kilomètres, profitez des paysages et du couvert végétal, ça va changer...
Route On saute un autre ruisseau et ça grimpe aussitôt très fort. Tant mieux, on peut ainsi mieux profiter de la traversée du hameau où petites maisons authentiques, côtoient de belles propriétés rénovées avec goût. L'ascension se poursuit sur 3.5 km avec une pente moyenne qui frise les 10%, vous l'aurez compris, certaines rampes piquent (aux cuisses et non au bras !) Un répit d'une paire de km permet de souffler, on approche la ligne de crête plus ouverte, puis nous voilà à la ferme du Pereyret, c'est ni plus ni moins un col puisque tous les ingrédients de la recette sont là*. Bien entendu pas de panneau COL dans les parages...
Profitez d'un instant de pause pour admirer le paysage.
A présent on a basculé dans la vallée Française, en bas coule le Gardon de Mialet. Cette ascension est jubilatoire en réunissant les avantages du vélo de route et ceux du VTT tant la route est tranquille ; elle emprunte même un tronçon du fameux GR 67, dit « chemin Stevenson ». C’est d’ailleurs sur les conseils d’un copain Stéphanois** avec qui je roule de temps en temps, que j’ai découvert cette route que je pensais être une simple piste.
Restent encore quelques beaux raidillons, qui constituent finalement la dernière vague de nos efforts avant d'entamer une courte descente jusqu'au carrefour de la pierre de la vieille. A ce point deux options s'offrent à vous : A gauche c'est une descente sinueuse vers St Etienne vallée Française, à droite c'est encore un petit peu d'ascension vers le COL DE PRENTIGARDE.

vallée

Ce site fait la part belle à la chasse aux cols, ce n'est pas un scoop, alors avec l’exigence d’être le plus exhaustif possible, j’ai recherché sur la toile si ces lieux, et quelques autres en Cévennes, étaient bien des cols. Je suis invariablement tombé sur les grands classiques des sites de vélo dont celui du Club des Cent Cols, et me suis retrouvé systématiquement bredouille.
Pourtant, dans le genre chasseurs de cols, on ne fait pas mieux, parmi ses membres, les plus contaminés ont érigé cette activité en art de vivre, certains collectionnent les cols par milliers, d’autres sont capables de faire le tour de la planète pour de nouveaux panneaux, de gambader sur les GR en poussant leur machine les yeux rivés sur leur GPS, et que sais-je encore...
Quant à la tête de la confrérie, c’est une institution dotée des instances des plus structurées à faire pâlir d'envie notre ministère de la santé, hélas, les groupes de travail qui valident de nouveaux cols sont passés à côté du COL DE LA CROIX DE MERCOIROL et DU COL DU PEREYRET ! La « chasseaucolocratie » a failli !

C’est vrai, qu’un panneau en haut d’un col, c’est mieux, c’est l’aide-mémoire bien utile pour revivre une ascension, c’est la preuve de « son petit exploit », mais le vrai bonheur à vélo n’est-il pas tout simplement tout près de nous dans l’ascension d’une montée quelconque dans une région qu’on affectionne, à mille lieux de la course à la reconnaissance des autres par la collection de conquêtes jamais satisfaite ?


* Définition d'un col de montagne dans wikipédia : Topographiquement et topologiquement parlant, le col est une structure «en selle de cheval» formée en montagne par l'intersection d'une ligne de crête et de deux talwegs situés de part et d'autre, c'est-à-dire : Le point le plus bas entre deux sommets appartenant à la même arête.

** : Remerciements appuyés à Armand, l’homme qui connaît mieux la vallée Française que n’importe quel chasseur de cols !