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Adoptez le développement durable !

Un Tour à l’Aigoual

Mi-septembre, déjà, la saison sera courte cette année, la météo annonce encore de (trop) belles journées, le moment est donc venu de me lancer dans un de ces longs périples automnaux auxquels je suis abonné. Dix jours après l’arrivée du Tour de France au mont Aigoual, je décide de débuter ma sortie par l’ascension du graal depuis Saint André de Valborgne :

Les 28 kilomètres qui me séparent du sommet sont réalisés en mode « économie d’énergie », histoire de profiter des paysages. A hauteur du Plo du Four, j’accompagne sur une paire de kilomètres un cyclo avec sacoches et VTT, histoire d’échanger sur nos objectifs respectifs et sur le Tour de France…
Le sommet de l’Aigoual a retrouvé sa quiétude habituelle, loin du tohu-bohu du 03 septembre. Déposées les clôtures à 500 m de l’arrivée où nous étions parqués comme des brebis sous la surveillance d’officiels qui jouaient au Patou ; disparus les véhicules, camions et autobus des équipes qui squattaient les parkings ; finis les interdits divers et variés ; évaporés les structures d’accueil, la sono, le podium ; terminés les passe-droit qui ont permis à un groupe de cyclistes de gravir le sommet encadrés d’officiels alors que le terrain de jeux était interdit au grand public…

On le voit, le Covid a accéléré la fracture entre le monde du vélo et celui du Tour, que j’avais déjà évoquée ici même il y a une poignée d’années. Comment réconcilier la course au profit, à la notoriété et la défense de l’environnement ? C’est qu’au fil du temps le TDF est devenu un mastodonte encombrant et polluant, le troisième évènement planétaire après les JO et la coupe de monde de football, de plus en plus incompatible avec les défis écologiques à relever. Dans le même temps le vélo est redevenu la petite reine, le véhicule idéal de la transition écologique. Voilà le paradoxe, une équation difficile à résoudre…

L’épreuve est légendaire avec ses épopées héroïques, ses coups du sort, ses folles échappées, ses drames et ses exploits, elle est notre histoire, et puis il y a en toile de fond ces paysages si variés, une vitrine unique pour notre pays. Nul besoin d’entrer en compétition avec d’autres courses, d’autres nations, d’autres lieux, il y a le Tour de France et puis il y a les autres. En porteur de la tunique jaune des épreuves cyclistes, le TDF a la lourde responsabilité d’ouvrir la route, de prendre les bonnes directions pour continuer à nous rassembler, de ne pas tomber dans le piège de la course aux superlatifs, au gigantisme.

A mon avis, il ne suffira pas de peindre en vert la cohorte de véhicules hybrides. (Ils sont d’ailleurs hybrides sur les 20 premiers kilomètres de la première étape, puis diesel le reste du Tour) !
Et puis il y a ce règlement, cette bureaucratie, par exemple on pénalise un coureur quand il prend un bidon au mauvais endroit, puis on laisse faire quand d’autres les jettent n’importe où !
A quoi bon une caravane publicitaire quand les droits télés doivent suffire largement ? tout ça pour déverser sur la foule des gadgets inutiles qui finiront au mieux au fond d’un placard.
D’autres interrogations me viennent à l’esprit : Pourquoi tant de véhicules, d’assistance, d’officiels, de médias ? Quand réduira-t-on véritablement le nombre d’équipes, le nombre de coureurs (ce serait également bien pour leur sécurité)…
Il y a matière à dégraisser le mammouth, tant de petites choses à faire et de grandes orientations à prendre afin de réduire l’impact écologique de l’épreuve.

En tant qu' organisateur de la première course du monde, une opportunité unique, une exigence même, se présente à ASO afin de montrer la voie dans la lutte contre le réchauffement climatique en bâtissant un Tour plus durable, plus humain, plus respectueux de l’environnement ; en adéquation avec les attentes du grand public. Alors les portes de nos vallées secrètes, et celles de bien d’autres régions s’ouvriront sur le peloton.

Je remonte sur mon vélo et poursuis ma route par la descente vers Dourbies, puis vers Saint Jean du Bruel en passant par Cassanas : Les gorges de la Dourbie taillées dans le granite ressemblent en plus intimes et plus sauvages à celles du Tarn dans le secteur du Pont de Montvert. C’est à mon avis le tracé le plus sauvage qui mène à l’Aigoual. On passe ainsi d’un paysage vallonné alternant pelouses d’altitudes et forêts de fayards, à de profondes gorges bordées par la châtaigneraie.
Après quasiment 40 km de descente, la route remonte vers le sud en direction de Sauclières, puis du COL DE LA BARRIERE, synonyme d’un retour dans le Gard.

Plutôt que de descendre sur Alzon, j’opte pour la direction de Campestre sur le causse de Blandas, puis la descente des gorges de la Vis et enfin Vissec le bien-nommé. Dans les gorges un ballet impressionnant de papillons de la pyrale du buis m’accompagne dans la partie la plus boisée. A Vissec, je remonte vers le nord pour m’extraire dans la douleur du cirque de Vissec formé par un méandre de la Vis qui se trouve quelques hectomètres en amont du cirque de Navacelles, la star du secteur. Sur le plateau je prends la direction d’Alzon, via le COL DE CAMPVIEL, afin de reprendre la vallée de l’Arre. La descente de celle-ci depuis les faubourgs d’Alzon jusqu’ à Pont d’Hérault est l’occasion de reprendre des forces malgré un vent de face persistant.
Le tronçon suivant consiste à la classique remontée de la vallée de l’Hérault jusqu’à Valleraugue, cette large route en faux plat vent dans le dos me permet d’en garder pour la dernière difficulté de la journée.

Encore une petite dizaine de kilomètres en remontant la vallée du Clarou, avec le passage devant les hameaux typiques des Salles, Berthézène, le Valdeyron, Espériès. La route s’élève plus sérieusement sur les cinq derniers kilomètres avant le franchissement du COL DU PAS. Curieusement je finis l'ascension avec de bonnes sensations, malgré la distance parcourue, il est vrai que j'avais adopté un développement durable ! Cette grande boucle se termine par le passage dans le cirque de Borgne et une descente indolore vers mon point de départ.

Le parcours présenté est visible sur STRAVA.